Sabine Calba, Directrice générale de la Banque Populaire Méditerranée, est la marraine 2022 du réseau professionnel féminin du Grand Est : EST’elles Executive.
Originaire de Lorraine, elle suit des études universitaires dans la Finance, son domaine de prédilection. Après avoir obtenu une Maîtrise en Sciences Economiques en 1993 et un Master 2 en Management Financier, qui vont lui ouvrir les portes de la Banque Populaire, elle continue de se former tout au long de sa carrière professionnelle et obtient un MBA Finance en 2018.
Portée par ces précieux sésames, elle peut déjà rétrospectivement être fière de son parcours professionnel. C’est en tant que chargée de clientèle à Metz qu’elle fait ses premiers pas dans la banque. Progressivement, mais sûrement, elle parvient à gravir tous les échelons. En 6 ans, entre 2015 et 2021, elle va prendre successivement 4 Directions notoires qui vont faire d’elle une femme remarquée tout autant que remarquable : la Direction de la Région Lorraine de la Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne (BPALC), la Direction générale – au sein de cette même banque – en tant que Directrice générale adjointe, la Direction du Pôle de développement Banque Populaire chez BPCE, et, enfin, la Direction Générale de la Banque Populaire Méditerranée où elle exerce actuellement comme Directrice générale.
Dans les coulisses de cette fulgurante ascension, on trouve des rencontres décisives mais aussi et surtout une force de caractère indéniable. Car Sabine ne lâche rien. Elle a cette capacité rare, mais reconnaissable chez les personnes qui arrivent professionnellement « au sommet », d’aller jusqu’au bout de ses ambitions. Pour elle, « il faut aller chercher le pouvoir » tout en restant fidèle à des valeurs d’intégrité : « je peux me regarder sereinement tous les matins dans un miroir ; je suis fière de mon parcours et du travail que j’ai fourni pour arriver là où je suis aujourd’hui ».
Quel rôle représente votre famille dans vos choix ?
Le rôle de la famille peut être la clé de l’épanouissement ou, a contrario, la cause de difficultés pour mener à bien une carrière professionnelle ambitieuse. Cela est d’autant plus vrai pour la gent féminine.
Je suis mariée et nous avons une fille de 17 ans.
Mon époux a toujours respecté mes choix. Sans ses encouragements, j’aurais sans doute eu plus de difficultés à franchir toutes les étapes qui ont sillonné ma carrière. Nous nous sommes connus au lycée… c’est dire s’il me connaît bien ! Il connaît mon tempérament et mon besoin d’investissement professionnel. « Être le mari de… » est un statut récent dans notre société mais il l’accepte très bien ! Avec lui, il n’y a pas de reproches ni de soupe à la grimace ! (rires) Il a lui-même fait des choix différents, qui lui conviennent. Cette harmonie nous a permis de nous épanouir conjointement, sans aucune acrimonie.
Quant à ma fille, je n’allais pas la chercher tous les jours à l’école mais lorsque je le faisais et qu’elle me voyait présente à la sortie de l’école, ses yeux – tout comme les miens – laissaient miroiter une joie immense et une extrême fierté. Elle a compris très tôt que j’étais très investie dans mon travail. Parfois même, son humeur était calquée sur la mienne selon ce que je vivais professionnellement. La vie professionnelle, à l’instar de la vie tout court, n’est pas un long fleuve tranquille… Les enfants perçoivent tout, on le sait bien. Et lorsque finalement le but est atteint, ils ne peuvent être que fiers du chemin parcouru par l’un des parents. C’est le cas pour ma fille qui semble fière de voir que mon engagement professionnel a porté ses fruits… sans me départir de ma féminité et de ma coquetterie. (rires)
Professionnellement, quelle construction avez-vous mise en place ?
Au début, je posais les pierres les unes après les autres, sans trop m’occuper d’arriver au sommet de la construction. Je parle de façon imagée du Pouvoir bien évidemment. Puis mon supérieur hiérarchique de l’époque m’a fait comprendre que j’avais un fort potentiel pour l’atteindre. J’ai alors compris qu’il fallait que j’apprenne d’autres codes, être davantage tacticienne, savoir également « prendre des coups » tout en les relativisant ensuite. Et puis l’audace. Oser être audacieuse dans un monde où le pouvoir se conjuguait quasiment au masculin. J’ai d’ailleurs eu la chance d’avoir une expérience de mentoring avec un homme et une femme qui m’ont appris, respectivement, certains codes pour mieux comprendre le monde des hommes et la capacité de prendre du recul sur mon parcours pour mieux définir certaines trajectoires. Tous deux m’ont transmis ce qui allait être un leitmotiv dans ma carrière : OSER, TOUJOURS.
Mais pour que toute construction soit durable, il faut que les fondements soient robustes. Les fondements, ce sont mes parents. C’est eux qui m’ont transmis le sens de l’effort et la culture du travail. J’ai fait presque tous les métiers de la banque et cela se traduit aujourd’hui, dans mon quotidien, par une connaissance des dossiers que l’on me transmet. Je peux ainsi, dans cette construction, comprendre et manager les équipes qui m’entourent. D’ailleurs, en termes de management, j’essaie de m’entourer des meilleurs. On ne brille que par ceux qui sont autour de soi.
Enfin, pour que cette construction soit totale, il ne faut pas seulement avoir une grande aptitude au travail, ou encore être crédible dans ses fonctions et s’entourer des meilleurs. Il faut également oser sortir de sa zone de confort. Pour cela, je dois savoir challenger et me challenger moi-même.
Que diriez-vous à des jeunes femmes qui souhaiteraient évoluer dans leur parcours ?
L’essentiel, c’est toujours de prendre du plaisir. Faire son métier avec passion. Être engagée. Au début, lorsqu’on veut faire carrière, on déploie nos compétences et nos aptitudes et puis on s’investit dans le travail. Le plus difficile ensuite, c’est de se convaincre ou même de savoir tout simplement qu’on peut aller plus loin. Pour atteindre un certain niveau, comme je l’ai dit tout à l’heure, il faut de la tactique et aussi réfléchir à une stratégie. Il va y avoir des hauts et des bas. Pour pallier les périodes tout en bas, la confiance en soi va être sollicitée. Il faut l’anticiper et donc la travailler. « Il faut avoir de la couenne !» comme disent les Lorrains. (rires)
Le dépassement de soi, qui permet de sortir de sa zone de confort, va faire toute la différence. Elle suppose de grandir en maturité et de maîtriser -ou tout du moins canaliser- la peur du changement.
Être une femme dans un monde d’hommes
Je n’ai jamais revendiqué ma condition féminine. Je suis une femme et cela ne se revendique pas, cela se vit. Comme je l’ai déjà dit précédemment, j’ai eu besoin de mieux connaître le monde masculin et j’ai appris. Puis je me suis adaptée et j’ai évolué avec. Il ne s’agit pas de nous opposer mais de nous enrichir de nos différences.
Les femmes ont beaucoup de courage et de persévérance. Pour atteindre des quotas de parité, il a fallu légiférer. Pour autant, il ne s’agit pas de pousser une femme à combler un quota si elle-même ne s’est pas donné les moyens de ses ambitions. Ce serait l’envoyer dans le mur.
J’ai parlé de dépassement de soi et de la maîtrise de la peur du changement précédemment. Aujourd’hui, dans les écoles, les collèges ou encore dans les lycées, on n’enseigne pas ces aptitudes aux femmes. Celles-ci vont encore trop souvent vous remercier pour un poste que vous leur offrez. Les hommes vous diront beaucoup plus naturellement « c’est quoi le salaire, c’est quoi le coup d’après ? ».
J’ai envie, pour ma part, d’intervenir dans les établissements scolaires pour dire aux femmes en devenir de ne pas avoir peur d’oser l’ambition. J’ai envie de leur dire « Osez et affichez votre ambition de vouloir grimper plus haut ! ». Et à un certain niveau de poste, chaque femme doit pouvoir se poser la question : « c’est quoi mon ambition ? ». Il est important de l’identifier, de l’afficher clairement, avec détermination, et de s’en donner les moyens. Si cela se fait au bon moment, cette ambition deviendra une vraie valeur ajoutée pour son entreprise.
Je me rappellerai toujours ce que m’a rétorqué mon Directeur général en 2012 lorsque je lui ai dit qu’être un homme ou une femme c’était pareil : « Toutes les femmes n’ont pas votre parcours, regardez tous les machos que vous avez autour de vous ! ». A ce moment-là de ma carrière, je n’avais pas conscience du parcours des femmes. Je vois que je suis dans un monde d’hommes et je m’interroge sur les postes que j’ai pu avoir : « ai-je pris les bonnes clés et suffisamment fait avancer mes ambitions ? ».
Prendre conscience de ce que l’on ambitionne vraiment est la clé d’une réussite amorcée.
Votre rôle dans les réseaux, en quoi cela vous a construite ?
Dans nos métiers, il est essentiel de savoir développer son réseau de relations. Cela nous permet de bien connaître nos territoires, nos entreprises, nos décideurs locaux et être ainsi partie prenante dans les marchés. Réseauter crée également de la proximité et quand on est en proximité, on est en confiance. J’aime bien aller vers l’Autre et échanger.
Puis il y a les réseaux féminins. En 2012, le Président du Groupe BPCE et la Présidente de la Caisse d’Epargne Loire Centre créent les « Elles de BPCE », un réseau de femmes au sein de la banque. Il y en a très peu à cette époque. Je lance l’association avec 5 femmes dans l’entreprise. Cela dérange les hommes parce que le changement oblige à restructurer. Pour les hommes, les femmes deviennent alors de véritables concurrentes. Pour ma part, j’ai le soutien de mon Directeur général. Le lancement de ce réseau a rendu les femmes qui la composent beaucoup plus fortes. Collectivement et individuellement, une force incroyable en a émergé. Je me suis également aperçue combien les femmes qui avaient de l’ambition rencontraient des freins, soit familiaux, soit au sein de l’entreprise.
C’est en 2014 que commence mon histoire avec EST’elles Executive. Le réseau m’a permis de me structurer en tant que femme. Il m’a aussi appris à étendre mes connaissances et mon territoire. J’y ai trouvé de la solidarité et fait de belles rencontres humaines. C’est un endroit où l’on peut parler entre nous, d’un peu de tout. Un endroit de transmission aussi. En tant que marraine 2022, c’est ce que je souhaite faire : Transmettre. J’ai eu la chance de recevoir des conseils enrichissants et j’ai besoin de « rendre » aujourd’hui, à certaines femmes, ce que j’ai reçu.
Pour finir, comment vous décririez-vous dans votre quotidien ?
Je suis quelqu’un de très simple. Par exemple, j’adore m’émerveiller de la nouvelle région dans laquelle nous habitons en famille. Je suis un peu comme tout le monde : on se fait plaisir devant une bonne table, on adore aller se balader et découvrir. Un beau paysage sait me séduire. J’ai autour de moi des personnes que j’aime et qui m’aiment. Ma famille sait également que, quoi qu’il advienne, même si j’ai énormément de travail, je sais être là quand il le faut. Il y a des sujets non négociables : quand mon époux ou ma fille ont besoin de moi, ils passent en priorité.
D’ailleurs, quand je tire un peu trop sur la corde, je sais me poser la question : « où est la vraie vie ? ». J’ai construit un socle qui profite à toute ma famille et cela me permet de regarder l’avenir avec sérénité et toujours la même passion. Je garde les pieds sur terre… Mon mari m’aide aussi beaucoup à rester dans « la vraie vie »…
Pour terminer mes journées bien pleines, je compense en lisant des romans. Le dimanche, je pars courir, je garde une bonne forme physique et mentale.